Claustrophobia







Lille — 2020 - 2021.

La chose la plus difficile à accepter lors d’un confinement c’est peut-être l’éventualité même que celui-ci nous touche. Qu’insidieusement il dépose sa souche infectieuse à l’intérieur de nos êtres sans qu’aucun test ou vaccin ne puisse rien n’y faire. Autant dire qu’il n’y a pas de masque pour s’en protéger ou protéger les autres non plus. Le seul masque dont il faut se méfier c’est celui qui fait peser un mal-être bien trop lourd à porter le soir chez soi, seul après 19h.





Il y a un accueil de personnes mentalement vulnérables à côté de chez moi. Certains de ses locataires avaient un semblant de vie sociale en squattant notamment les terrasses de cafés avec nous. On prend des nouvelles, on fume des clopes ensemble. Maintenant ils errent sans but tout autour du pâté de maison de leur centre social à fumer des clopes mais cette fois-ci chèrement taxées. Ils ne boivent plus les petits demis de bière gratuits qu’on leur offrait de temps en temps, mais des canettes, seuls, non loin de leurs piaules, contre un mur.



La vie est devenue un pâté de maison. Répétitif et sans surprises. La routine qui d’habitude se supporte avec une vie professionnelle et sociale riche et bien remplie devient peu à peu une torture.




C’est ce que j’ai essayé de montrer avec cette série. Comment chacun peut perdre peu à peu pied, sans le voir venir. Toujours sûr et confiant que l’on ne rentrera pas dans les statistiques, que les articles de journaux dénotant la situation psychologique dramatique du pays ne nous concernent pas. Comment un état léthargique infuse tout, soudainement et fait ressortir ce qu’il y a de moins sympathique en nous.




Il n’y a malheureusement pas de fond à cette routine sur lequel poser le pied solide du renouveau. La seule solution parait être l’abnégation la plus pure, la recherche d’une énergie inespérée tout au fond de soi.




L’espoir du changement, mais pas forcement celui que l’on croit exister d’habitude à l’extérieur, mais plutôt celui avec lequel nous avons perdu contact, à l’intérieur.




Une de pistes à explorer serait peut-être d’en profiter pour en apprendre plus sur soi. Qui l’on est vraiment. Après tout, me suis-je jamais posé en dehors du tourbillon de la vie pour connaître vraiment mes besoins, mes envies ? Vais-je mourir un jour sans découvrir l’essence même de ce qui m’anime, ce qui me fait me réveiller tous les jours pour prolonger l’acte de vie. Celui que l’on a posé en moi dès la naissance, en oubliant au passage de me fournir le manuel d’utilisateur.




Il y a tout à découvrir, tout à explorer, à ceci près que cette fois-ci l’aventure est en nous.


Tenez bon mes amis.




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Claustrophobia


Perhaps the most difficult thing to accept about this lockdown period is the very possibility that it will indeed affect us. That it insidiously infuses its infectious strain inside our beings without any test or vaccine being able to do anything about it. There is no mask to protect ourselves or others from it. The only mask to be wary of is the one that makes you feel like shit at home alone after 7pm.

There is a shelter for mentally vulnerable people next door to me. Some of its tenants had a semblance of a social life by squatting on café terraces with us sometimes. We check up on them, smoke cigarettes together. Now they wander aimlessly around the block of their social centre smoking borrowed fags. They don't drink the free half pints of beer they used to get, but cans, alone, not far from their shelter.

Life has become a block of houses. Repetitive and without surprises. The routine that used to be bearable with a normal professional and social life is gradually becoming a torture.

This is what I tried to show with this series. How everyone can lose ground little by little, without seeing it coming. Always sure and confident that we out of the statistics, that the newspaper articles denoting the dramatic psychological situation of the country don't concern us. How a lethargic state suddenly infuses everything and brings out the least sympathetic out of us. Unfortunately, there is no bottom to this routine on which to place the solid step of renewal. The only solution seems to be pure self-love, the search for an unexpected energy deep inside. The hope of change, but not necessarily the one we usually believe exists outside of us, but rather the one we have lost contact with, inside.

One of the avenues to explore would be to learn more about ourselves. Who we really are. After all, have I ever stood outside the whirlwind of life to really know my needs and desires? Will I die one day without discovering the very essence of what drives me, what makes me wake up every day to prolong the act of living. The one that was placed in me at birth, forgetting to provide me with the user's manual. There is everything to discover, everything to explore, except that this time the adventure is within us.


So hold on my friends.


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